La naissance :


Tu pourrais commencer, tout simplement, par « il était une fois », tellement la banalité de ton existence, parait bien neutre, insipide, bancale… Non-surprenante, sonnant, quelque peu, dans le clicher, oui… Ta vie, elle n'a rien d'être prodigieuse, rien qui ne mérite de la vanter, tout autant qu'à la blâmer… Et pourtant, il s'agit de la tienne…






Tout a commencé par un soir d'été, un soir d'orage troublant… D'une pluie, qui déferlait abondamment, dans les ruelles goudronnées de Montréal… Les résidents permanents, les quelques passants téméraires, circulaient bien rapidement ; bravant les lois de l'attraction, de la physique, pour se mettre à l'abri des regards indiscrets, dans les hauts bâtiments de verres, les quelques maisons et appartements, qui surplombaient le ciel, qui ne semblait que plus assombri… Les chaînes d'informations passaient en boucle : mettant en garde les citoyens, de bien vouloir rester cloîtrer, chaudement, chez eux, afin de se préserver de cette tempête tonitruante, qui menaçait de s'accentuer, s'aggravait durant les prochains jours… Au risque solennel de couper l'électricité… Alors que ta mère n'avait cure de tous ces serments… Criant à pleins poumons ; à s'en arracher la cage thoracique, ses tripes, pour avoir sa dose, qui lui manquait tant, durant ces derniers mois… « Putain, une fois sorti ce mioche de mon ventre, je me rattraperais ! » Qu'elle se disait, au fond de son être, de son enveloppe charnelle… Faible de droguée invétérée, qu'elle était ! Alors qu'on lui clamait, dans les blancs couloirs de l'hôpital, de la salle, de se calmer, afin de préserver votre santé, à tous deux, qu'on puisse t'extraire, tout simplement… Le manque cruel, persistant, de ne pouvoir toucher à sa précieuse poudre blanchâtre, durant ce temps égrené… De se priver pour toi, le petit être… L'innocent et stupide garçonnet, qui n'avait rien demandé, mais qui avait déjà ruiné le peu de vie, de liberté qu'elle avait… Si seulement elle savait… Le coup du destin, le coup de folie… La fourberie sidérée… Elle se questionnait, se demandait pourquoi diable, elle avait accepté de coucher avec cet homme, qui avait tant rêvassé, lui avait promis un avenir radieux… Un bonheur immuable à ses côtés… L'amour, le plaisir… Les monts et merveilles, qu'il lui avait promis - une promesse dorée, qu'elle avait avalée, tout naïvement, pour qu'elle puisse faire ce qu'elle désirait ; devenir la petite fille gâtée, qu'elle n'avait jamais été, au demeurant, en vivant au crochet de sa propre mère. La chair de sa chair, qui ne l'avait jamais, pourtant, rien refusé, qui l'avait tant choyé… Bien qu'elle l'eût tant sermonné pour garder cet enfant qu'elle ne désirait, dans le fond… Comme quoi, ce serait pêché… Si vous saviez combien cela vous nuirait, vous damnerez à jamais… N'établissant ce lien passionnel, fusionnel… Que, de sa part, tu ne serais jamais accepté, aimer pour tout ce que tu serais, tout ce que tu représenterais… Seule ta grand-mère serait ton tout, ton univers, ton pilier… Le seul être qui te saisirait, t'offrirait la chance inconditionnelle de subsister… D'être préservé, choyer, dans la mesure du plausible, autant que tu l'espérais… Ce serait vous deux, envers et contre tous, contre vents et marées…






Enfance :


Tu es le fils d'un homme, un tant soit peu, alcoolique sur les bords, bien trop lâche, pour assumer son rôle de père, et d'une femme bien plus amoureuse des effets de la drogue, de vils opiacés, que de son enfant… Pourtant, tu as reçu tout l'amour que tu puisses rêver, grâce à une femme qui va t'élever ; te donner des principes, des valeurs, et surtout, t'accepter, telle que tu es. Il s'agit de ta grand-mère : une femme qui mit sa vie entre parenthèses, pour s'occuper de toi.


C'est pour elle que tu fis des efforts, pour qu'elle soit fière. Tu es un élève studieux, travailleur, ramenant à la maison des bonnes notes, autant que possible… Faisant tout pour avoir une bonne réputation dans le quartier. Ainsi, tes efforts furent couronnés de succès ! C'est ainsi que tu traverses les péripéties de l'enfance, qui fut, aux premiers abords, des plus simplistes, banales, il est vrai…




Adolescence et train-train quotidien :


Puis vient l'adolescence… Un cyclone qui dévaste tout sur son passage - laissant derrière lui, un nouveau départ…




Ah l'amour et ses mystères… Ne dit-on pas que le cœur a ses raisons, que la raison ignore ? Tu en es le parfait exemple ! Même si tu as échangé quelques furtifs baisers, avec de séduisantes et douces jeunes femmes, tu es bien obligé d'avouer, que ce sont les garçons qui t'attirent ! Tu rencontres, alors, le premier garçon qui va faire chavirer ton âme : de la prendre impunément, pour te mettre au supplice, te damner… Ce bel apollon, répondant au doux nom de Cooper. Dit Coop, pour les intimes, dont tu en as aisément fait partie, oui… Avec lui, les sentiments sont forts, sincères, puissants, mais tu n'iras jamais plus loin que de tendres et passionnés baisers, dans le fond… Qui plus est, ce dernier finit par quitter la ville avec ses parents : les affectations liées au travail de son paternel, auront raison de votre couple, malencontreusement…


En parallèle, ta grand-mère vieillie, et les premiers signes dus à son âge, commencent à apparaître… Ton univers se fissure grandement. En mille et un éclats… Mais, ce n'est comme si tu avais réellement le choix… Il faut bien continuer d'avancer, dans ton existence salvatrice… Le monde, lui, continuer dans sa lancée, ne se désaxe irrémédiablement, pour si peu… Si ? Néanmoins, le cruel caprice complice du destin s'acharne, et le cancer de la personne à qui tu tiens le plus, progresse doucement… La bouffant de l'intérieur, le venin perfide du serpent, se répandant dans ses délicates veines…




Tu as tout juste dix-neuf ans et à l'université, quand ta grand-mère disparaît, emportée par la maladie… Tu te lances à corps perdu dans tes études… Tu rejoins, dès lors, une colocation ; ne pouvant continuer à vivre, survivre dans l'amer souvenir, de celle qui t'a élevé…






Tu te découvres une folle passion pour l'astronomie, et décides de t'inscrire comme reporter, pour le journal de l'université, en plus de cela ! Tu as bientôt 22 ans, quand tu entends parler de l'inauguration du nouveau télescope de l'observatoire d'Ottawa… Tu dois y être et ta carte de presse du lycée va te donner accès à cet événement. C'est là qu'une nouvelle opportunité, s'offre à toi…